Et voici le programme :
Français et numérique, saison 2
Un blog pour partager mes expériences d'enseignement du français (FLE, Français des affaires, littérature) avec des outils numériques
Et voici le programme :
Après avoir assisté à l’atelier si stimulant de Marie Soulié à Ludovia sur les audioguides et avoir été impressionnée par les exemples de géolittérature des élèves de Jean-Michel Le Baut, je me suis dit que l’enrichissement de cartes était un outil sacrément intéressant pour donner du sens aux tâches complexes en FLE.
Voici la production finale de mes étudiants qui ont travaillé sur « Donner des conseils », en classe inversée. Pour donner du sens à cet apprentissage, nous avons eu l’idée de préparer de courtes vidéos pour donner des conseils aux futurs étudiants étrangers qui arriveront en janvier 2016 à l’université de Pau et des Pays de l’Adour afin de les guider dans le labyrinthe de la ville, lorsqu’ils sont submergés par les infos. L’avantage d’une carte enrichie est qu’elle peut être consultée avant l’arrivée, donner une idée de la vie quotidienne et de la manière de travailler.
Leur tâche était de choisir, parmi une liste de points incontournables lors d’une installation, un thème et de proposer une vidéo de 2 à 4 minutes dans laquelle le groupe devait donner des conseils et réinvestir l’expression du conseil (j’ai volontairement laissé toutes les erreurs de langue dans les vidéos, pas de contrôle ni de rectification).
Voici le résultat : une carte faite très facilement sur Google Maps (il faut avoir un compte gmail) sur laquelle on ajoute des repères avec des vidéos (publiées sur Youtube). Cliquez ici ou sur la carte ci-dessous.
Toutes les vidéos sont des exemples de débrouillardise technique (certains ont filmé directement leur écran) et de bonne volonté face à une tâche qui les a surpris au début car elle leur demandait un certain investissement, plus contraignant qu’un simple exercice structural…
Sur le plan technique : je n’ai presque pas aidé mes étudiants qui se sont débrouillés soit entre eux (merveille du travail collaboratif !), soit avec une aide extérieure (le mari, la fille…). J’ai seulement expliqué comment utiliser Imovie à un groupe qui avait passé des heures en vain.
Sur le plan linguistique : l’élaboration du projet leur a demandé des heures pour échanger les bons tuyaux, négocier, aller sur place pour prendre des photos, résoudre les problèmes techniques, etc. EN FRANÇAİS.
Sur le plan de la cohésion du groupe : les vidéos ont été vues par les autres membres du groupe, certains ont découvert de bons restaurants, nous sommes tous allés au supermarché asiatique découvert dans la vidéo sur « S’alimenter à Pau », certains ont vu l’intérêt de prendre une carte annuelle pour voyager en train, etc. Un seul groupe s’est filmé (les autres n’ont mis que leur voix) et a fait toute une mise en scène dans l’office du Tourisme avec beaucoup d’audace …
Sur le plan du plaisir et de la satisfaction personnelle, le bilan me semble très positif : quels que soient l’âge, les compétences linguistiques ou technologiques des étudiants, j’ai senti chez chacun d’eux ce plaisir et cette fierté de pouvoir partager leur point de vue sur Pau via leur petite vidéo.
Bref, une expérience à reconduire et qui a vraiment donné du sens à l’apprentissage de « donner des conseils » malgré les erreurs encore récurrentes.
Dans le cadre de la classe inversée, la capsule peut être un outil très utile pour revoir des notions de grammaire supposées acquises et à partir desquelles le nouveau cours devrait commencer, selon la progression spiralaire qui régit souvent les choix des points de langue : on aborde plusieurs points identiques au niveau A1, puis A2, puis B1 etc., en approfondissant chaque fois le point étudié, en s’acheminant vers plus de complexité. Or, souvent, ces prérequis ne sont pas acquis. Parfois les apprenants ne maîtrisent pas le même vocabulaire technique ou l’ont oublié, ce qui creusera l’écart entre ceux qui ont les pré-requis et les autres. Je me suis donc posé la question : une capsule peut-elle aider à estomper ces différences d’acquisition ?
J’ai testé cette semaine avec mon groupe la capsule pour tenter d’harmoniser le niveau de départ et pour partir sur des bases « relativement » égales face à l’approfondissement d’un point traité à plusieurs reprises par leurs professeurs précédents : la proposition relative. Pour cela, mes apprenants (B1 acquis) ont regardé en amont du cours une première capsule sur la proposition relative (à quoi sert-elle ? Comment choisir le pronom relatif (simple) ?), sans feuille de route : chacun a pris les notes en fonction de ses besoins puis a fait des exercices sur feuille et un quiz en ligne. L’objectif était de proposer une mise à niveau basée sur le volontariat, un rafraichissement de mémoire pour préparer le terrain des relatifs composés.
En cours, à partir d’une phrase, une étudiante a reconstitué le cours, a ajouté des exemples. Nous avons corrigé quelques exercices rapidement puis j’ai annoncé la seconde capsule qui introduit les pronoms relatifs composés, avec cette fois-ci, une feuille de route qui présélectionne les informations importantes de la vidéo et fait gagner du temps dans la prise de notes.
Un tel découpage de l’apprentissage en deux temps est un des « guidages » qu’évoque André Tricot dans Apprendre avec le numérique, Mythes et réalités (Retz, 2014) : « Un autre guidage intéressant est la segmentation des animations en parties interprétables qui structurent le processus étudié. (…) » Non seulement cette segmentation a réellement aidé les moins avancés, mais j’ai pu surtout constaté, en tant qu’enseignante, que j’ai pu proposé un outil bien plus utile face aux problèmes de la disparité des apprenants dans un groupe que si j’avais juste proposé des photocopies d’exercices de révision. Bien sûr, se contenter d’envoyer un lien ne suffit pas : il faut un retour en classe, quelques exercices de systématisation, mais c’est un apport non négligeable des outils numériques pour pallier les différences entre les apprenants.
Voici un retour d’expérience d’un cours de grammaire fait en classe inversée, spécialement dédié à ma nouvelle équipe qui commence à s’immiscer dans les joyeux mystères de la classe inversée, notamment en participant aux enregistrements des dialogues !
Mon objectif était de faire prendre conscience à mes étudiants qu’il existe d’autres moyens pour exprimer le but que « pour » et « pour que ». J’ai donc choisi de faire une capsule à partir d’un dialogue qui, loin d’être authentique, concentrait (presque) toutes les possibilités pour exprimer le but et qui sert de document déclencheur à la capsule. J’ai choisi de ne pas donner la transcription du dialogue sur la feuille de route de manière à obliger les étudiants à être attentifs au dialogue enregistré.
Voici la capsule envoyée aux étudiants et la feuille de route sur Exprimer le but FDR qu’ils ont remplie chez eux. La capsule a été vue au moins 2 fois par chacun de mes 16 étudiants. Et certains l’ont regardée à nouveau après le cours en présentiel.
En cours,
Inutile de parler du réinvestissement oral, au moins aussi important que le réinvestissement écrit.