Fle Apprendre le français avec les séries TV « Samantha Oups! » A1/A2

Dans le cadre d’un atelier, je continue mon exploration des séries TV pour enseigner le français et partage une ressource intéressante pour des niveaux peu avancés (A2, voire A1), ce qui est assez rare en matière de séries. Il s’agit d’une série TV qui est loin d’être récente mais qui n’en reste pas moins tout à fait exploitable et vraiment appréciée par les apprenants.

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Capture d’écran « Samantha à la gym »

Le personnage principale, Samantha, joué par un homme, est une bimbo à la perruque blond platine qui enchaîne remarques déplacées, idioties, malentendus, etc. L’autre acteur, masculin aussi, joue le rôle de la copine, Chantal et, parfois, celui d’un personnage complémentaire.

Cette série présente de nombreuses qualités à exploiter en Fle :

  • tout d’abord, son format, très court de 5 minutes environ, est composé de 5 ou 6 sketches, ainsi l’endurance des apprenants est-elle épargnée ;
  • ensuite, la gestuelle, les mimiques sont tellement excessives qu’elles facilitent la compréhension orale au point qu’une exploitation possible est de visionner sans le son pour faire émettre des hypothèses ;
  • les thèmes traités dans les épisodes sont généralement des lieux de la vie quotidienne : « Samantha à la gym », « Samantha au marché », « Samantha chez le coiffeur », ce qui permet de travailler un lexique différent pour chaque épisode ;
  • Enfin, l’autre avantage de cette série est qu’elle est un document authentique : certes, les apprenants sont un peu déstabilisés au début car la compréhension leur paraît difficile par rapport aux documents souvent créés sur mesure pour ces niveaux-là, mais ils tirent une grande fierté d’être capables de regarder et de comprendre globalement une série TV française avec si peu d’heures de français. Outre la fierté, le plaisir de rire et celui de comprendre l’humour dans une langue nouvelle sont autant de motivations pour apprendre cette langue, sans parler des compétences interculturelles.
  • C’est par ailleurs un excellent moyen pour travailler sur les stratégies d’apprentissage dès les petits niveaux : il faut se concentrer sur ce que l’on comprend et non sur ce que l’on ne comprend pas…

Voici les épisodes sur lesquels nous avons commencé à travailler ainsi que leur transcription lacunaire :

Le plus difficile est d’alterner les exploitations pour éviter la monotonie de la transcription lacunaire, même si c’est la plus efficace. Le scénario que je suis est généralement : écouter une première fois avec ou sans le son puis faire une première reconstitution orale collective ou par groupes. Ensuite, après le deuxième visionnage, nous ajoutons des détails et enrichissons le lexique ; enfin, le 3eme visionnage est accompagné de la transcription à compléter et, parfois, d’une reformulation écrite par petits groupes.

Voici un quiz en ligne proposé après la compréhension de « Samantha au marché » pour fixer le lexique important. Il a été fait avec Socrative et peut être téléchargé avec le lien suivant à partir de votre compte Socrative ou avec ce code SOC-26598504.

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2 questions du quiz

L’avantage de ce genre de quiz en ligne, par rapport à un quiz papier, est qu’il va redynamiser la classe en accentuant le côté ludique car les résultats sont affichés en direct et qu’il permet, par conséquent, de savoir immédiatement si ces quelques mots ont été compris.

La suite au prochain épisode…

Apprendre le français avec les séries TV (3)

Utiliser les séries TV est non seulement un excellent moyen pour apprendre du lexique actuel, des structures grammaticales et avoir un contact vivant et actuel avec la culture française, mais c’est aussi l’occasion d’inviter les apprenants à créer en imitant ou parodiant les épisodes vus. C’est donc une belle occasion de réinvestir ce qui a été appris et de stimuler la créativité des apprenants dans le cadre rassurant de l’imitation ou de la parodie.

Par exemple pour la série « Bref », après avoir vu plusieurs épisodes, nous avons analysé ensemble

  • le style particulier des phrases très courtes, juxtaposées, sans autre coordination que « alors » ; l’emploi du passé composé ; le fait que presque toutes les phrases commencent par « je »; le décalage entre ce que pense le personnage et ce qu’il dit ; le lexique familier, la structure récurrente « Voix off du narrateur annonçant ce qui va être dit/ Paroles d’un personnage répétant ce qui a été annoncé par la voix off », etc.
  • le caractère du personnage (paresseux, menteur, …), la construction de chaque épisode (les obstacles au désir, la chute, le rythme, …), l’importance de la musique, les « bips » pour masquer les gros mots…

Par groupes de 2 ou 3, les apprenants ont écrit un scénario en tenant compte de toutes ces remarques afin de proposer un nouvel épisode à la manière de « Bref ». La contrainte était de produire une vidéo et de se filmer.

Voici quelques épisodes produits par mes étudiants :

 Cette expérience a été très positive, c’est pourquoi je me permets de la partager sur ce blog. Sur le plan technique, tous ont travaillé en autonomie, en utilisant les moyens qu’ils voulaient : je ne suis absolument pas intervenue sur ce plan-là, la réalisation technique ne peut être un obstacle pour ceux qui voudraient inciter leurs apprenants à faire des vidéos. Sur le plan des acquisitions linguistiques, le réinvestissement est notoire et d’autant plus efficace qu’il a été fait avec plaisir et enthousiasme. Enfin, le fait de montrer, de partager les créations a à la fois engendré une certaine pression, voire de l’émulation, et a aussi fortement contribué à souder le groupe en valorisant l’investissement de chacun.

Bref : apprendre le français avec les séries TV ne peut se limiter à la seule étude des séries. La partie créative est tout aussi importante que le temps du visionnage et de l’analyse…

Apprendre le français avec les séries TV (2) : « Bref »

Une autre ressource possible pour apprendre le français avec les séries est la série TV française « Bref », qui se caractérise par un format très court (2 minutes environ) et est un formidable outil pour travailler la compréhension orale avec un débit TRES rapide, même pour les natifs… Les apprenants l’aiment beaucoup car elle reflète la réalité de la vie d’un célibataire parisien qui n’a rien d’un champion : il est paresseux et passe son temps à essayer de draguer les filles. Les problématiques, le rythme comme le vocabulaire sont très actuels et invitent parfois à un certain bovarysme… loin des héros habituels, ce qui engendre des rires, même lors de la première écoute car les images aident à comprendre.

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Capture d’écran d’un épisode de « Bref »

Par contre, contrairement à la série « Mère et fille » qui est tout public, « Bref » convient davantage à un public un peu plus âgé, du moins en ce qui concerne certains épisodes.

Voici trois épisodes qui nous ont servi de supports pour travailler :

Pour varier l’exploitation pédagogique de ce dernier épisode, plutôt que d faire une première reconstitution collective de ce qui a été compris, j’ai choisi de faire un quiz en ligne en direct, immédiatement après le premier visionnage avec Socrative.com. J’ai donc créé un quiz d’une dizaine de questions soit très faciles, soit un peu plus exigeantes : les réponses qui s’affichent en direct ont certes un côté gadget, mais elles ont le mérite de refléter la qualité de la compréhension et de dédramatiser les erreurs, tout en soudant le groupe classe grâce à l’interaction. Voici quelques questions :

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Résultat du quiz

Apprendre le français avec les séries TV (1) : « Mère et fille »

Voici un cours de renforcement en FLE que je propose ce semestre à des étudiants de niveau A2/B1 : apprendre le français avec des séries TV. Je partage cette pratique car le retour que j’en ai chaque semaine est très positif. Il s’agit de proposer une approche de l’enseignement du français, différente, plus ludique et proche de la réalité de la vie quotidienne française.

Pourquoi la série « Mère et fille »?

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Capture d’écran de la série « Mère et fille »

J’ai choisi de m’appuyer sur la série TV « Mère et fille » qui existe depuis 2012 sur la chaîne Youtube de Disney Channel FR et qui met en scène une adolescente de 14 ans, Barbara et sa mère, Isabelle, 39 ans, divorcée : cette série, destinée à un public plutôt jeune, a le mérite d’éviter des scènes trop légères ou violentes qui pourraient déranger dans un contexte scolaire ou au vu de certaines cultures des apprenants. C’est surtout une comédie, qui fait vraiment rire, tant les apprenants que leur enseignante, incitant donc à apprendre le français avec plaisir. Enfin, le format court (soit un épisode de 5 minutes, soit un épisode composé de 3/4 sketchs) épargne les efforts d’endurance en compréhension orale et permet de toucher des réseaux lexicaux très variés, tout comme des niveaux de langue variés.

Objectifs

  • Travailler la compréhension orale
  • Enrichir le lexique de la vie quotidienne
  • Stimuler l’imagination et la créativité via la production orale, écrite et audiovisuelle
  • Améliorer la prononciation, la diction et l’interprétation

Démarches

De nombreuses démarches sont possibles. Généralement,

  • un remue-méninges autour du titre qui permet de faire des hypothèses et de découvrir un certain lexique
  • une première écoute suivie d’une reconstitution collective de ce qui a été compris
  • une deuxième écoute au terme de laquelle on complète les données de la première écoute
  • une troisième écoute avec la feuille de transcription lacunaire

Voici 2 exemples d’épisodes et leurs transcriptions lacunaires :

Episode : « Tiffany » 

Transcription : Mere et fille « Tiffany »

Episode : « La sortie de classe »

Mere et fille La sortie de classe

  • Pour aller au-delà de la compréhension et passer à la production orale, il est possible de faire endosser aux apprenants les rôles des personnages pour travailler la diction, l’interprétation et la gestuelle. Un bon exercice a été de se détacher de la diction « lecture », en obligeant les étudiants à se lever, à marcher tout en jouant leur rôle. Les productions orales sont enregistrées sur un mur virtuel collaboratif Padlet afin de donner un destinataire réel à l’enregistrement, le groupe, et de pouvoir s’écouter les uns les autres.
  • La tâche finale sera dans un premier temps une production écrite par groupes de 2 ou 3 dans laquelle les apprenants devront inventer un nouvel épisode de « Mère et fille » à partir des titres qu’ils ont choisis. Chacun apporte son ordinateur ou sa tablette et l’écriture sera collaborative.

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Ira-t-on jusqu’au tournage ? Je l’espère…

Enseigner les réseaux lexicaux avec les cartes mentales (Simplemind par exemple)

Au moment où nous préparons des fiches « bilan » pour enseigner le lexique, voici quelques pistes intéressantes pour mieux organiser en sous-catégories la présentation du lexique :

Quel est l’intérêt des arborescences et autres cartes mentales ?

Je vous invite à écouter une émission (5 minutes) de France İnfo avec Alain Lieury sur la mémoire dans laquelle il rappelle l’importance de la mémoire sémantique qui organise les connaissances et a besoin de les hiérarchiser.

Voici, pour compléter, un extrait de Mémoire et réussite scolaire, Alain Lieury, Dunod, 1997, p.27 :

« Principe de hiérarchie catégorielle

Qu’est-ce donc que le sens, si ce n’est le mot ? En s’inspirant d’expériences antérieures qui montrent que la mémorisation est grandement facilitée par l’organisation en catégories naturelles (animaux, plantes, etc.), Collins et Quillian ont suggéré que comprendre, c’est d’abord catégoriser [C’est moi qui souligne]. Comprendre ce qu’est un « canari », pour prendre leur célèbre exemple, c’est savoir que c’est un oiseau. Mais comprendre ce qu’est un oiseau, c’est savoir que c’est un animal, de sorte que le sens des mots ou, plus brièvement, les concepts seraient classés en mémoire sémantique de façon hiérarchique : les catégories étant emboîtées dans des catégories plus générales sous la forme d’un arbre à l’envers. Dans une telle arborescence, chaque noeud représente le concept d’où partent des branches. L’analogie de l’arbre de la connaissance est très ancienne puisque, déjà explicitée à la Renaissance (Lieury, 1993), elle est présente dans les récits bibliques. Cette conception est maintenant usuelle en informatique, où l’on parle d’arborescence. »

Les applications proposant de créer des cartes mentales sont-elle un simple gadget de plus ?

Les applications qui proposent de créer des cartes mentales ont  l’avantage

– de jouer avec les codes de couleurs pour différencier les catégories

– de pouvoir inclure des photos : voici un autre extrait de l’ouvrage d’Alain Lieury

« […] les images (dessins, images mentales) sont plus efficaces en mémoire que les mots, comme l’ont montré Paivio, Fraisse et Denis. L’une de nos expériences a effectué cette comparaison sur près de deux cents lycéens de diverses terminales. […] Les images sont très efficaces en mémoire. Alors que le rappel moyen est d’environ 7 pour les mots, il est d’environ 9 pour les dessins. La reconnaissance est également remarquable avec en général 90% pour les dessins contre 70 % pour les mots. » Op. cit. p.37.

– de pouvoir interagir avec la classe en ajoutant des mots en direct à son projet.

Un outil possible est l’application « Simplemind », très facile à utiliser sur l’Ipad

Attention toutefois au moment d’exporter votre projet avec la version gratuite…

Publié le 30 mai 2014 par geraldinelarguier sur Français et numérique 

Il est aussi possible de transformer la carte mentale en capsule pour inverser la classe : les apprenants peuvent ainsi écouter la prononciation du lexique et remplir la carte mentale lacunaire chez eux, ce qui permet de passer au réİnvestissement en classe.

Voici un exemple à partir de la carte mentale sur le lexique de la langue :

Lexique de la langue from Geraldine L on Vimeo.

Classe inversée, capsule et étymologies grecques et latines

Dans le cadre de la semaine de la Francophonie, la langue française est à l’honneur et c’est l’occasion pour nos 9emes de découvrir quelques étymologies utiles. Nous allons tester la classe inversée dans le cadre du cours de langue en revisitant le support pédagogique donné l’année dernière

– pour créer un horizon d’attente chez les élèves qui devraient arriver en sachant de quoi il va être question

– et pour pouvoir passer à l’action dès l’entrée en classe afin de supprimer le cours magistral que je faisais habituellement : on transfère en amont le concept d’étymologies et on garde le plaisir de la découverte et des hypothèses pour le présentiel.

On teste !

Origines langue française from Geraldine L on Vimeo.

Publié le 15 mars 2015 par geraldinelarguier sur Français et numérique