Fle Apprendre le français avec les séries TV : « Samantha oups ! » (2)

Comme je l’ai mentionné dans un article antérieur, la série « Samantha Oups! » est une des rares séries TV exploitables pour les niveaux A1/A2.

Après avoir vu et analysé plusieurs épisodes qui servent de matrices pour la production écrite, il est possible de passer à l’écriture de petites scènes « à la manière » de « Samantha oups ! ». Mes étudiants ont travaillé par groupes de 3 autour du thème fédérateur : Samantha prof de Fle ou Samantha à l’IEFE.

Premier défi : écrire à la manière de…

Nous avons consacré 2 heures non consécutives au travail collectif d’écriture. La consigne était de produire 2 ou 3 petits textes pour créer un nouvel épisode de notre série TV, en imitant le style et en conservant les caractéristiques des deux personnages. Très vite sont apparus les premiers jeux de mots, malentendus pour faire rire le spectateur : « grosse queue/ grande queue » (oui, oui !), « travail à la maison/ devoirs », « vert/verre/vert », « grand-mère/grammaire »…

Deuxième étape : comment mettre en valeur et partager la production écrite ?

Ensuite, la question la plus difficile est arrivée : qu’allions-nous faire de ces écrits ? Allions-nous passer au tournage ? Mais pas facile pour certains étudiants de mettre en danger leur « face » et de se montrer avec une perruque blonde sur la tête en train de parler français, notamment avec un niveau A1 ou A2… Chaque groupe a ainsi eu la liberté de mettre en valeur et de partager avec les autres son travail d’écriture :

  • un groupe a refusé d’être filmé et a joué les petits épisodes dans la classe devant les autres étudiants
  • deux groupes ont choisi d’utiliser des poupées Barbie et des personnages en Légo ou Playmobil
  • un groupe a accepté de se filmer avec une perruque
  • un groupe a contourné la difficulté en dessinant les personnages sur des morceaux de papier et les a transformés en marionnettes en mettant un stylo derrière le papier…
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Autre difficulté : le montage vidéo

Certains ont filmé avec les Ipads que j’avais apportés en cours et ont fait directement le montage avec Imovie. D’autres ont préféré faire un montage plus travaillé, en insérant la musique de la série, en ajoutant un générique. Ils ont ainsi utilisé leur propre matériel puis ont fait le montage à distance, en totale autonomie.

A retenir de cette expérience :

  • le plaisir et l’émulation suscités par la créativité, tout à fait étonnante chez des apprenants de niveau A1/A2, capables d’écrire avec un registre comique et de faire des jeux de mots
  • l’autonomie de la plupart des apprenants pour gérer seuls les difficultés techniques
  • l’importance d’enseigner et de stimuler toutes les compétences transversales que sont le travail collaboratif, la négociation, l’utilisation des outils numériques, etc.
  • la valeur stimulante de la publication et du partage qui créent une réelle situation de communication et donne du sens aux apprentissages

Tragédie classique et capsules

Comment enseigner la tragédie classique et sensibiliser des étudiants étrangers au dilemme cornélien en 2 heures sans qu’ils ne s’endorment en écoutant passivement les stances du Cid ?

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Voici quelques pistes à exploiter pour des cours relevant les mêmes défis :

  • La tragédie classique en classe inversée

La tragédie classique a été présentée sous forme de capsule que les apprenants ont regardée chez eux en prenant des notes. En 5 minutes, il est impossible de présenter un tel sujet. Néanmoins, cette capsule a donné un premier cadre, un premier niveau de connaissances que nous avons complété en présentiel lorsque, en cours, les étudiants ont reconstruit ces premières connaissances sur la tragédie classique. J’ai alors pu approfondir, donner des exemples sans monopoliser la parole et en les faisant participer et comparer avec le drame shakespearien qu’ils connaissaient tous.

  • Modélisation des attentes

Ensuite, nous avons abordé la pièce avec un schéma des personnages (en version simplifiée) et nous avons étudié la première stance ensemble pour mettre en lumière le dilemme et la douleur de Rodrigue en nous appuyant sur quelques figures de style.

  • Création d’une capsule par les apprenants

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Ensuite, continuer à ce rythme l’étude de toutes les stances aurait démotivé les étudiants dont l’effort cognitif était déjà très élevé pour une compréhension littérale du texte. Il était nécessaire de les rendre actifs. J’ai donc choisi de privilégier la qualité de leur lecture à la quantité (la lecture de l’intégralité des stances). Ils ont alors travaillé en petits groupes avec une tablette et l’application Explain Everything : chaque groupe devait étudier une stance et produire une petite capsule dans laquelle serait présentée une courte analyse de la stance, en utilisant les outils tels que le laser, le crayon et en enregistrant la voix. Ainsi, après un moment de stress tout à fait compréhensible, les groupes se sont mis au travail en collaborant, s’entraidant, négociant, etc. Dix minutes avant la fin du cours, tous les groupes sont partis à la recherche d’un lieu silencieux pour l’enregistrement des commentaires et le travail était terminé pour tous à l’heure.

  • Une capsule d’apprenants complétée par le prof

Lorsque j’ai regardé les capsules, j’ai constaté qu’il manquait certains commentaires : j’ai donc pris la liberté d’ajouter certaines remarques à la fin de chaque capsule, à la fois pour équilibrer les analyses mais aussi pour compléter cette polyphonie et pour poursuivre ce travail de co-construction de la classe inversée qui met l’enseignant à côté des apprenants et non plus sur un piédestal.

Le bilan en ce qui concerne la motivation est plutôt positif : chacun a dû s’investir et être actif pour faire ressortir ce dilemme en observant attentivement la syntaxe, le lexique. L’ambiance était vraiment studieuse et dynamique.

  • Donner du sens à l’ensemble des capsules

Chaque étudiant a reçu les liens de toutes les capsules (voici un exemple) et doit les regarder, prendre des notes pour être capable de faire un commentaire du même type à partir d’un autre extrait de tragédie.

Certes, tous n’ont pas lu l’ensemble des stances. Mais lors du prochain cours, nous regarderons une mise en scène de cet extrait et le puzzle des analyses permettra à chacun de sentir le dilemme en extrapolant ce qui a été dit dans une stance à toutes les stances.

 

Littérature, Fle et Classe inversée : retour d’expérience sur la littérature du Moyen Age

                   Habituée à utiliser la classe inversée en cours de langue (FLE), je me suis retrouvée cette année, à nouveau et avec beaucoup de bonheur, dans la peau d’un professeur de littérature pour des étudiants étrangers nord-américains. Après une tentative de cours en mode un peu magistral, j’ai senti tout d’abord à quel point les niveaux de langue de mes étudiants étaient variés, allant du A2 au B2+ et surtout combien mes pratiques pédagogiques étaient marquées par les avantages de la classe inversée.

Aussi ai-je tenté de proposer une capsule à regarder avant le cours avec les informations importantes sur chaque thème ou auteur pour

  • donner le temps à chaque étudiant d’acquérir ces informations à son rythme, de comprendre les mots clés et de connaître leur orthographe et leur prononciation
  • redonner du sens à la présence en classe (Lebrun…) en valorisant la restitution orale collective faite par les étudiants et qui permet de reconstituer les informations mais surtout de redonner la parole aux étudiants. Leur temps de parole a de fait nettement augmenté. Nous avons aussi gagné du temps pour travailler le texte en cours et surtout, les étudiants sont arrivés avec un « horizon d’attente » bien défini et prêts à passer à l’action.

Bien évidemment la capsule ne peut qu’être une « mise en bouche » et ne vise pas l’exhaustivité mais elle permet de transmettre une première strate de connaissances qui sera complétée au fur et à mesure en présentiel. Il existe de nombreuses capsules très bien faites, mais malheureusement, souvent le niveau de langue est trop difficile pour les apprenants de FLE, d’où la nécessité de passer par la création de capsules personnalisées et adaptées, moins peaufinées sur le plan esthétique, mais plus efficaces pour le public FLE.

Voici un exemple de capsule pour introduire Le Roman de Renart :

C I Roman de Renart from Geraldine L on Vimeo.

Les inconvénients sont essentiellement la dimension chronophage de la création de capsules pour l’enseignant et l’obligation de simplifier les informations par rapport à un cours qui serait fait en présentiel. Mais il faut concevoir la capsule comme les prémices de l’échange à venir.

Parmi les autres avantages de cette pratique, le fait de mettre l’accent sur la tâche finale (grâce au temps économisé avec ce dispositif hybride) favorise la dimension active, voire créative pour les apprenants. Dans les exemples que je propose ci-dessous, les étudiants ont eux-mêmes créé une capsule pour la page Facebook de l’Institut afin de présenter la chanson de geste, l’amour courtois, etc. Le travail collectif de scénarisation de la capsule les a obligés à synthétiser et à classer les informations recueillies pendant le cours. Ils se sont ensuite isolés pendant une heure avec un Ipad par groupe et l’app Explain Everything, pour créer les vignettes et enregistrer leur voix.

La création collective de la capsule a remplacé un éventuel test de connaissances : outre le plaisir d’une production finale créative, elle a permis de travailler de manière décloisonnée la production écrite, la production orale et de faire appel aux compétences transversales que sont la négociation, la collaboration, la recherche documentaire, les compétences technologiques…

L’amour courtois BJS from Geraldine L on Vimeo.

Chanson de geste from Geraldine L on Vimeo.

 

Créer des capsules : prolongement de l’atelier « Sensibilisation à la classe inversée »(Barcelone, EMDL)

Voici quelques pistes pour compléter l’atelier « Sensibilisation à la classe inversée » proposé à Barcelone à la 10eme Rencontre FLE d’EMDL la semaine dernière. J’ai beaucoup insisté sur l’importance de la scénarisation du cours et des capsules : faire une capsule pour faire une capsule, sans penser à l’exploitation pédagogique qui l’accompagne, ni à ce qu’elle modifie dans l’économie du cours n’a pas de sens.

Pour passer à l’action et créer vos premières capsules, voici quelques tutoriels qui vous aideront, mais ils sont légion sur internet.

Les logiciels pour travailler avec un ordinateur :

Tutoriel pour utiliser le logiciel d’édition de vidéographie sur ordinateur : Screencast’Omatic qui permet de créer très simplement des capsules en enregistrant l’activité de  votre écran d’ordinateur. A partir d’un diaporama par exemple, on peut commenter chaque diapositive et utiliser le curseur comme un laser qui sert à signaler le point dont vous êtes en train de parler. Vous pouvez aussi ajouter une fenêtre dans laquelle vous apparaissez en train de parler, comme l’a signalé une participante. Vous trouverez de nombreux tutoriels en ligne : je me permets de vous recommander celui-ci, court et efficace.

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Exemple de capture d’écran réalisée avec Screencast’Omatic

Tutoriels pour utiliser le logiciel gratuit Moovly par Peggy Morel

Tutoriels Moovly

Tutoriels pour travailler avec une tablette :

Tutoriel pour utiliser l’application Explain Everything (à télécharger sur tablette, payante): à partir d’un exemple (prendre en photo des productions d’apprenants et les commenter pour en faire une capsule)

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Exemples de capsules réalisées avec l’application Adobe Voice (pour Ipad seulement) et avantages de cet outil que je résume dans un article publié mon ancien blog.

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Enfin, une présentation de l’application pour mobile Tellagami (très facile d’utilisation) qui propose un avatar auquel on prête sa voix et une piste d’utilisation.

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La liste n’est bien sûr pas exhaustive mais mieux vaut bien maîtriser 2 ou 3 outils que de se perdre dans une course effrénée aux nouveaux outils.

Enseigner les réseaux lexicaux avec les cartes mentales (Simplemind par exemple)

Au moment où nous préparons des fiches « bilan » pour enseigner le lexique, voici quelques pistes intéressantes pour mieux organiser en sous-catégories la présentation du lexique :

Quel est l’intérêt des arborescences et autres cartes mentales ?

Je vous invite à écouter une émission (5 minutes) de France İnfo avec Alain Lieury sur la mémoire dans laquelle il rappelle l’importance de la mémoire sémantique qui organise les connaissances et a besoin de les hiérarchiser.

Voici, pour compléter, un extrait de Mémoire et réussite scolaire, Alain Lieury, Dunod, 1997, p.27 :

« Principe de hiérarchie catégorielle

Qu’est-ce donc que le sens, si ce n’est le mot ? En s’inspirant d’expériences antérieures qui montrent que la mémorisation est grandement facilitée par l’organisation en catégories naturelles (animaux, plantes, etc.), Collins et Quillian ont suggéré que comprendre, c’est d’abord catégoriser [C’est moi qui souligne]. Comprendre ce qu’est un « canari », pour prendre leur célèbre exemple, c’est savoir que c’est un oiseau. Mais comprendre ce qu’est un oiseau, c’est savoir que c’est un animal, de sorte que le sens des mots ou, plus brièvement, les concepts seraient classés en mémoire sémantique de façon hiérarchique : les catégories étant emboîtées dans des catégories plus générales sous la forme d’un arbre à l’envers. Dans une telle arborescence, chaque noeud représente le concept d’où partent des branches. L’analogie de l’arbre de la connaissance est très ancienne puisque, déjà explicitée à la Renaissance (Lieury, 1993), elle est présente dans les récits bibliques. Cette conception est maintenant usuelle en informatique, où l’on parle d’arborescence. »

Les applications proposant de créer des cartes mentales sont-elle un simple gadget de plus ?

Les applications qui proposent de créer des cartes mentales ont  l’avantage

– de jouer avec les codes de couleurs pour différencier les catégories

– de pouvoir inclure des photos : voici un autre extrait de l’ouvrage d’Alain Lieury

« […] les images (dessins, images mentales) sont plus efficaces en mémoire que les mots, comme l’ont montré Paivio, Fraisse et Denis. L’une de nos expériences a effectué cette comparaison sur près de deux cents lycéens de diverses terminales. […] Les images sont très efficaces en mémoire. Alors que le rappel moyen est d’environ 7 pour les mots, il est d’environ 9 pour les dessins. La reconnaissance est également remarquable avec en général 90% pour les dessins contre 70 % pour les mots. » Op. cit. p.37.

– de pouvoir interagir avec la classe en ajoutant des mots en direct à son projet.

Un outil possible est l’application « Simplemind », très facile à utiliser sur l’Ipad

Attention toutefois au moment d’exporter votre projet avec la version gratuite…

Publié le 30 mai 2014 par geraldinelarguier sur Français et numérique 

Il est aussi possible de transformer la carte mentale en capsule pour inverser la classe : les apprenants peuvent ainsi écouter la prononciation du lexique et remplir la carte mentale lacunaire chez eux, ce qui permet de passer au réİnvestissement en classe.

Voici un exemple à partir de la carte mentale sur le lexique de la langue :

Lexique de la langue from Geraldine L on Vimeo.

Vers la classe inversée : importance de la feuille de route

Voici un article que j’ai publié dans Français et Numérique et qui souligne le rôle de la feuille de route qui doit accompagner le visionnage de la capsule en autonomie.