Utiliser la cartographie interactive pour un voyage « littérature et Fle »

Comment rendre actifs les apprenants pendant un voyage scolaire ou universitaire ? Parmi les nombreuses pistes possibles, voici un retour d’expérience avec la cartographie interactive proposée par Google Maps, que j’affectionne particulièrement et que j’approfondis car elle offre de nombreux avantages en Fle, pour présenter les tâches finales.

Cet outil permet un travail collaboratif (chaque apprenant peut coller sa production dès lors qu’il a reçu le lien d’accès), le tracé d’un itinéraire qui rend visible le trajet effectué et surtout la mise en commun des productions des apprenants qu’elles soient sous forme de textes, de photos ou de vidéos.

En outre, la tâche finale peut être partagée, montrée, donc mise en valeur, ce qui crée une stimulation non négligeable lors de la production des mini-tâches des apprenants et surtout, elle perdure et se transforme en souvenir, élément inestimable pour des apprenants en immersion en France pour quelques mois.

Ce retour d’expérience concerne un groupe de 12 étudiants américains de niveaux hétérogènes (A2 à B2+) qui suivent des cours de littérature française (du Moyen Age au XVIIIe) avec moi pendant 45 heures et avec lesquels nous avons organisé un voyage de Pau à Bordeaux pendant deux jours : nous avons visité les châteaux de Montaigne, de Montesquieu (auteurs étudiés en cours), le Grand-Théâtre et avons assisté à une représentation de « L’Avare », lu en français facile.

Le projet de mettre en place une carte interactive avec de courtes vidéos faites en groupes a été lancée sous forme de capsule pour gagner du temps et travailler la compréhension orale en autonomie.  L’annonce de la publication des productions finales sur le site Facebook de notre institut a été mentionnée immédiatement pour privilégier l’idée de partage avec les autres étudiants qui ne faisaient pas partie du voyage.

Sur place, la plupart des apprenants ont choisi de prendre des photos pour faire un montage, plutôt que des vidéos, sans la moindre consigne technique de ma part. Les tâches étaient bien réparties : certains prenaient des photos, d’autres des notes de ce que disaient les guides. Il a fallu parfois s’achalander sur Internet car, par exemple, il était interdit de photographier l’intérieur du château de Montesquieu. Pendant le séjour, il est clair que le fait de donner la responsabilité de rendre compte d’une visite à tour de rôle a permis de rendre actifs mes apprenants, sans pour autant les surcharger de travail, ni les priver du plaisir des visites.

Les vidéos (ex du Grand-Théâtre ou château de Montaigne) ont été collées directement sur la carte Google Maps, ou m’ont été envoyées sur ma messagerie électronique : j’ai ajouté l’itinéraire et quelques photos du groupe, car les apprenants ont été assez pudiques et ont choisi des présentations neutres, sans oser inclure de visages connus, sans doute pour donner un air plus sérieux à leur production. C’est donc moi qui ai opté pour l’insertion de quelques photos plus personnelles.

La seule limite rencontrée est venue de la part de deux étudiantes qui n’ont pas pu participer au voyage et qui ont fait un travail qu’elles ont présenté sous forme de « PowerPoint », impossible à insérer dans un repère sur la carte.

En conclusion, après avoir testé la cartographie interactive pour présenter des tâches sous forme de production écrite, pour géolocaliser l’écriture de contes, pour donner du sens à un point de grammaire,  il me semble que la carte Google Maps donne vraiment du sens à la préparation d’un voyage de classe, tant par le fait qu’elle rend indirectement les apprenants actifs, que par le partage et le souvenir qu’elle favorise.

Certes, sa production demande un certain investissement, mais force est de constater que le fait de rassembler en un même lieu tous ces souvenirs les ranime et en prolonge le plaisir.

Cartographie en ligne et perspective actionnelle : ex de carte sur les vêtements d’occasion

Voici un nouvel exemple de détournement de l’outil de cartographie en ligne de Google pour un usage pédagogique.

La perspective actionnelle considère l’apprenant comme un « acteur social » et ne limite pas l’apprentissage de la langue à la seule communication : elle l’inscrit dans un contexte social, réel et lui fournit des tâches en lien avec la vie réelle.

La cartographie permet de rassembler les productions, de les publier et de leur conférer dans une certaine mesure une utilité grâce au partage, à la publication et à la géolocalisation des productions finales, qu’elles soient au format texte, photo ou vidéo.  C’est donc un excellent support pour la présentation de la tâche finale, qui aura, par ailleurs, le mérite de perdurer au-delà du temps et de l’espace de la classe.

Voici un exemple de tâche finale qui porte sur les magasins de vêtements d’occasion de la ville où j’enseigne :

Le groupe a fait un travail sur le thème de la société de consommation, notamment ceux qui rejettent la consommation à tout prix, les décroissants. Le sujet des vêtements d’occasion est très intéressant sur le plan interculturel puisque dans certaines cultures, on rejette cette pratique considérée comme non hygiénique, tandis que pour d’autres, les fripes Vintage sont à la mode. Ainsi, après avoir lu, réfléchi et échangé sur les vêtements d’occasion, les étudiants ont cherché sur Internet où trouver de tels magasins puis, par groupes, ils sont allés sur le terrain et ont discuté avec les gérants des magasins pour connaître les spécificités de chaque point de vente. La tâche était d’écrire un petit article avec la localisation, les horaires d’ouverture, les règles pour déposer les vêtements, leurs caractéristiques, etc.

J’ai ensuite collé sur une carte les productions écrites pour avoir une vision globale de tous ces magasins et cette carte a été publiée et partagée sur le Facebook de notre centre de langue, ce qui a engendré des commentaires écrits mais de nombreux échanges entre étudiants, enseignants, secrétaires car untel ne connaissait pas telle boutique, un autre était stupéfait d’apprendre qu’on pouvait trouver un sac à main d’occasion à 2300 euros… Bref un des mérites de ces cartes est qu’elles permettent non seulement de montrer le travail des apprenants, mais surtout de leur donner du sens en ouvrant la porte de la classe sur l’extérieur, sur le monde réel.

Voici un tutoriel pour créer des cartes interactives :

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Utiliser la cartographie en ligne pour présenter des productions écrites

 

 

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Carte Google Maps « Contes de notre petit monde » Groupe G

Dans un exemple de tâche finale proposé il y a quelques mois, la cartographie en ligne invitait à regarder des vidéos faites par les étudiants.

Voici un nouvel exemple de tâche finale réalisée avec le service de cartographie en ligne Google Maps proposant des productions écrites. Les apprenants (B1) devaient écrire individuellement un conte typique de leur pays en soignant particulièrement les temps du passé, l’expression de l’antériorité et le schéma narratif. La séance de 1h30 a été faite en salle Tice.

Nous avons choisi de publier les productions écrites pour pouvoir les partager non seulement entre nous, mais surtout avec d’autres personnes (publication sur le site Facebook annoncée avant la rédaction), afin de donner un destinataire réel à la production écrite.

Il suffit de cliquer sur chaque repère pour avoir accès au conte de chacun.

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Conte de Chine

Outre le fait de donner à voir la dimension extrêmement cosmopolite du groupe, l’utilisation de la cartographie en ligne permet non seulement aux productions finales de durer, d’être vues et partagées entre étudiants, mais surtout de créer une stimulation et un sentiment de satisfaction car l’outil met, d’une certaine manière, en valeur ce que chaque étudiant a écrit grâce à l’écriture avec l’ordinateur et grâce à la présentation collective qui donne un contexte géographique à l’écriture de chacun.

L’utilisation de ce service est très facile et gratuit.

Enrichir une carte Google Maps : ex de tâche finale

Après avoir assisté à l’atelier si stimulant de Marie Soulié à Ludovia sur les audioguides et avoir été impressionnée par les exemples de géolittérature des élèves de Jean-Michel Le Baut, je me suis dit que l’enrichissement de cartes était un outil sacrément intéressant pour donner du sens aux tâches complexes en FLE.

Voici la production finale de mes étudiants qui ont travaillé sur « Donner des conseils », en classe inversée. Pour donner du sens à cet apprentissage, nous avons eu l’idée de préparer de courtes vidéos pour donner des conseils aux futurs étudiants étrangers qui arriveront en janvier 2016 à l’université de Pau et des Pays de l’Adour afin de les guider dans le labyrinthe de la ville, lorsqu’ils sont submergés par les infos. L’avantage d’une carte enrichie est qu’elle peut être consultée avant l’arrivée, donner une idée de la vie quotidienne et de la manière de travailler.

Leur tâche était de choisir, parmi une liste de points incontournables lors d’une installation, un thème et de proposer une vidéo de 2 à 4 minutes dans laquelle le groupe devait donner des conseils et réinvestir l’expression du conseil (j’ai volontairement laissé toutes les erreurs de langue dans les vidéos, pas de contrôle ni de rectification).

Voici le résultat : une carte faite très facilement sur Google Maps (il faut avoir un compte gmail) sur laquelle on ajoute des repères avec des vidéos (publiées sur Youtube). Cliquez ici ou sur la carte ci-dessous.

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Toutes les vidéos sont des exemples de débrouillardise technique (certains ont filmé directement leur écran) et de bonne volonté face à une tâche qui les a surpris au début car elle leur demandait un certain investissement, plus contraignant qu’un simple exercice structural…

Sur le plan technique : je n’ai presque pas aidé mes étudiants qui se sont débrouillés soit entre eux (merveille du travail collaboratif !), soit avec une aide extérieure (le mari, la fille…). J’ai seulement expliqué comment utiliser Imovie à un groupe qui avait passé des heures en vain.

Sur le plan linguistique : l’élaboration du projet leur a demandé des heures pour échanger les bons tuyaux, négocier, aller sur place pour prendre des photos, résoudre les problèmes techniques, etc. EN FRANÇAİS.

Sur le plan de la cohésion du groupe : les vidéos ont été vues par les autres membres du groupe, certains ont découvert de bons restaurants, nous sommes tous allés au supermarché asiatique découvert dans la vidéo sur « S’alimenter à Pau », certains ont vu l’intérêt de prendre une carte annuelle pour voyager en train, etc. Un seul groupe s’est filmé (les autres n’ont mis que leur voix) et a fait toute une mise en scène dans l’office du Tourisme avec beaucoup d’audace

Sur le plan du plaisir et de la satisfaction personnelle, le bilan me semble très positif : quels que soient l’âge, les compétences linguistiques ou technologiques des étudiants, j’ai senti chez chacun d’eux ce plaisir et cette fierté de pouvoir partager leur point de vue sur Pau via leur petite vidéo.

Bref, une expérience à reconduire et qui a vraiment donné du sens à l’apprentissage de « donner des conseils » malgré les erreurs encore récurrentes.