Tourisme ordinaire, classe inversée et relatives… Retour d’expérience

Le tourisme est un thème souvent abordé en cours de langues : le « tourisme ordinaire », qui oblige chacun d’entre nous à avoir un regard différent sur ses lieux quotidiens et à se demander quels sont ses endroits préférés, peu connus des touristes mais qui ont une saveur certaine pour les autochtones, s’avère être un excellent sujet pour faire faire des tâches finales à nos apprenants, en sortant des sentiers battus du tourisme normal, quel que soit l’endroit où ils se trouvent, dans un pays francophone ou pas.

Voici un retour d’expérience avec mes apprenants qui visent le niveau B2.

L’unité pédagogique qui portait sur le tourisme aujourd’hui proposait comme objectifs linguistiques, entre autres, d’enrichir le lexique du tourisme et d’approfondir l’emploi des propositions relatives, notamment avec des pronoms relatifs composés.

Ce dernier point a été fait en classe inversée : deux capsules ont été proposées, de deux niveaux de difficultés différents. L’une visant une mise à niveau des pré-requis et rappelant le principe de la relative, l’autre ayant comme objectif de commencer à faire comprendre le fonctionnement des relatifs composés. Chaque capsule est accompagnée d’une feuille de route permettant de prendre des notes, de gagner du temps et de commencer à faire des exercices. Mes apprenants étant plutôt motivés, je leur ai laissé le choix de regarder seulement la seconde capsule ou les deux, tout en leur expliquant l’intérêt de chacune, afin de stimuler leur autonomie.

Plus tard, une autre capsule a été envoyée pour définir la tâche finale : ce qui a permis de gagner du temps et surtout de redonner la parole aux apprenants qui ont posé des questions sur ce qui n’avait pas été dit ou compris dans la capsule, au lieu de m’écouter passivement leur expliquer le projet.

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Et voici quelques productions finales qui, vu le nombre de propositions relatives qu’elles contiennent, prouvent à elles seules combien on peut faire de la grammaire autrement et surtout combien classe inversée et perspective actionnelle se complètent harmonieusement.

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« L’atelier du chocolat » par Loma et Iri
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« Le russe d’Artigarrède » par Junhee et Dongkyoung
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« Le parc du château loin des sentiers battus » par Miriam

Pour donner encore plus de sens à la production finale, nous avons eu le plaisir de rencontrer les étudiants du Master2 Tourisme de l’UPPA qui travaillaient de leur côté et de manière bien différente sur la mise en tourisme des lieux ordinaires de la ville de Pau. Les apprenants Fle leur ont présenté leurs vidéos, puis ont répondu aux questions et échangé avec ces « spécialistes », intéressés par ces regards « étrangers » portés sur la ville. Beau moment d’échanges interculturels !

 

 

La capsule : un outil pertinent pour la progression spiralaire de la grammaire

Dans le cadre de la classe inversée, la capsule peut être un outil très utile pour revoir des notions de grammaire supposées acquises et à partir desquelles le nouveau cours devrait commencer, selon la progression spiralaire qui régit souvent les choix des points de langue : on aborde plusieurs points identiques au niveau A1, puis A2, puis B1 etc., en approfondissant chaque fois le point étudié, en s’acheminant vers plus de complexité. Or, souvent, ces prérequis ne sont pas acquis. Parfois les apprenants ne maîtrisent pas le même vocabulaire technique ou l’ont oublié, ce qui creusera l’écart entre ceux qui ont les pré-requis et les autres. Je me suis donc posé la question : une capsule peut-elle aider à estomper ces différences d’acquisition ?

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J’ai testé cette semaine avec mon groupe la capsule pour tenter d’harmoniser le niveau de départ et pour partir sur des bases « relativement » égales face à l’approfondissement d’un point traité à plusieurs reprises par leurs professeurs précédents : la proposition relative. Pour cela, mes apprenants (B1 acquis) ont regardé en amont du cours une première capsule sur la proposition relative (à quoi sert-elle ? Comment choisir le pronom relatif (simple) ?), sans feuille de route : chacun a pris les notes en fonction de ses besoins puis a fait des exercices sur feuille et un quiz en ligne. L’objectif était de proposer une mise à niveau basée sur le volontariat, un rafraichissement de mémoire pour préparer le terrain des relatifs composés.

En cours, à partir d’une phrase, une étudiante a reconstitué le cours, a ajouté des exemples. Nous avons corrigé quelques exercices rapidement puis j’ai annoncé la seconde capsule qui introduit les pronoms relatifs composés, avec cette fois-ci, une feuille de route qui présélectionne les informations importantes de la vidéo et fait gagner du temps dans la prise de notes.

Un tel découpage de l’apprentissage en deux temps est un des « guidages » qu’évoque André Tricot dans Apprendre avec le numérique, Mythes et réalités (Retz, 2014) : « Un autre guidage intéressant est la segmentation des animations en parties interprétables qui structurent le processus étudié. (…) » Non seulement cette segmentation a réellement aidé les moins avancés, mais  j’ai pu surtout constaté, en tant qu’enseignante, que j’ai pu proposé un outil bien plus utile face aux problèmes de la disparité des apprenants dans un groupe que si j’avais juste proposé des photocopies d’exercices de révision. Bien sûr, se contenter d’envoyer un lien ne suffit pas : il faut un retour en classe, quelques exercices de systématisation, mais c’est un apport non négligeable des outils numériques pour pallier les différences entre les apprenants.