Apprendre le français avec le #Palmashow : le magasin bio (B2/C1)

Je partage une nouvelle série de cours que je propose à mes étudiants et étudiantes pour apprendre le français différemment, en répondant à leurs pratiques culturelles (regarder des vidéos, des séries TV) et en leur faisant découvrir des vidéos faites par le duo d’humoristes Grégoire Ludig et David Marsais que l’on trouve sur la chaîne Youtube « Le Palmashow ». Ces vidéos ne sont pas nécessairement très récentes mais elles ont bien résisté au temps et permettent de toucher à la difficile problématique de la compréhension de l’humour.

Voici un premier épisode « Le magasin bio » que les apprenants peuvent travailler en autonomie : ils sont invités à regarder une première fois la vidéo de 4minutes pour en faire une compréhension globale.

Ensuite, sur ma feuille de route à distribuer, la compréhension de la vidéo est découpée suivant les différents sketches : une transcription est proposée, suivie d’un QCM aidant l’apprenant à interpréter en autonomie l’extrait de l’épisode. Des points de culture sont ainsi évoqués comme les « bobos », les SUV, le parisianisme, etc. Il est donc possible de donner ce travail à faire à la maison, puis de corriger ensemble en expliquant ces points culturels et en comparant avec la réalité des pays de nos apprenants.

Et voici la version corrigée :

#J’APPrends : une apps gratuite pour apprendre le français même quand on ne sait ni lire ni écrire #FLI #FLE

Parmi les applications spécialement dédiées aux migrant.es, on connaissait déjà « My French Kit » élaborée par l’université de Bordeaux Montaigne, plutôt destinée à aider à s’orienter sur le plan administratif.

Suite à l’émission de France Inter présentant l’apps « J’APPrends », j’ai testé cette application dont la conception m’a semblé vraiment intéressante pour les adultes migrants, en complément d’un cours en présentiel. Son objectif est bien différent de « My French Kit » : aider à communiquer et à s’orienter en donnant quelques éléments de base pour saluer, remercier, se déplacer, remplir un formulaire, rencontrer un médecin, etc. mais aussi et surtout identifier certains sons, reconnaître certaines lettres et les écrire.

Et même si elle n’a pas été conçue pour des apprenant.es sachant écrire et lire, elle peut aussi être un supplément ludique à des cours plus traditionnels. Toutefois, la progression étant sensiblement différente, il vaut mieux inviter à l’utiliser après une vingtaine d’heures de cours.

Elle propose à ce jour 3 épisodes qui invitent l’utilisateur ou l’utilisatrice à se déplacer, échanger, acheter, compter, puis aller chez le médecin, etc. dans une ville, au gré des rencontres avec un caissier ou une voisine. On ne peut pas sauter d’étape : il faut avoir réussi l’activité pour passer à la suivante mais on peut la faire et la refaire plusieurs fois. Certes, aucun.e professeur.e n’est là pour aider ou guider l’utilisateur ou l’utilisatrice qui ne comprend pas ; néanmoins la « face » est protégée et chacun.e peut répéter, prononcer, essayer, tracer, écrire, choisir sans s’exposer au regard et aux oreilles des autres !

Capture d’écran de l’apps

Lorsqu’on quitte l’application sur son ordinateur, son portable ou sa tablette, on reprend à l’endroit où s’était arrêté. Pas besoin de créer de compte, il suffit de télécharger l’application. Bonheur suprême : c’est gratuit et aucune publicité ne vient vous gêner !

Ses points fort :

Elle suit une progression proche de celle des besoins de la vie quotidienne (saluer, faire les courses, payer, boire un café, compter, donner son numéro de téléphone, parler des sports, se déplacer en transports en commun, aller chez le médecin, reconnaître les fruits et les légumes, remplir un formulaire, etc.) comme dans l’exemple ci-dessous où l’on doit s’arrêter à la station « Anatole France ».

Elle propose un enrichissement lexical très mesuré avec des mots que l’on peut écouter et réécouter à sa guise autant de fois que nécessaire, qui sont écrits et prononcés syllabe par syllabe (cf l’icône en haut à droite). On peut également réécouter chaque syllabe (surlignée en vert) plusieurs fois.

L’apprenant.e doit à son tour prononcer certains mots qu’il doit répéter : tant que la prononciation n’est pas pas correcte, il est impossible d’avancer dans le parcours. C’est vraiment un point fort de l’application ! Puis, après avoir prononcé le mot, on doit identifier ce même mot parmi 3 autres de manière à être capable de le reconnaître à l’écrit également.

Obligation de prononcer les mots correctement pour pouvoir avancer

On doit ensuite identifier puis écrire certains mots afin d’apprendre progressivement à tracer les lettres de l’alphabet, sans toutefois en suivre l’ordre. On commence par les lettres contenues dans « sucre » et « café » L’enrichissement du lexique se fait de manière spiralaire de manière à ce que le retour régulier des mots rassure l’apprenant.e et favorise l’apprentissage. Il se fait aussi de manière intuitive : pour découvrir quelques sports, il faut glisser-déposer le mot correct sur l’image correspondante, par exemple, Castor qui fait du vélo ou joue au foot. Lorsque l’on donne une mauvaise réponse, il faut essayer toutes les autres possibilités pour arriver à trouver la bonne solution : on apprend en faisant. Aucune rétroaction anxiogène ne vient heurter la sensibilité : au contraire, on sent que la bienveillance a présidé à l’élaboration de ce jeu.

Pour l’apprentissage des nombres, il faut aider Castor à faire des abdos, en le poussant vers ses pieds. C’est une manière ludique d’apprendre les nombres. Par la suite, le scénario passe un peu vite sur les nombres au delà de 11 lorsqu’il s’agit de comprendre un numéro de téléphone …

Si certains exercices sont un peu difficiles soit pour comprendre la consigne comme celui qui consiste à découvrir deux mots qui commencent par le même son, soit parce que le lexique est parfois un peu trop précis, l’ensemble des activités demeure très intuitif et surtout fort utile pour le public ciblé. On sera aussi sensible à la dimension interculturelle qui mêle par exemple aux fruits et légumes que l’on trouve en France, des éléments plus « exotiques » comme le gombo mais aussi aux actes de parole parfaitement sélectionnés par rapport aux besoins réels de ce public.

Un grand bravo à Langues Plurielles et au studio Small Bang pour cette application si bien conçue !

Favoriser l’apprentissage en autonomie et à distance avec des QRCodes et des capsules

Voici 3 exemples d’activités de niveau A0 et B1/B2 que j’ai créées pour mes apprenant.es. Comment les remanier pour favoriser le travail à distance et stimuler les interactions en cours ? Une piste a été de modifier les feuilles de route en y ajoutant des QRCodes pour permettre à mes futurs apprenant.es de travailler en autonomie, à la maison. En effet, la présence du QRCode qu’il suffit de scanner avec une application dédiée facilite l’accès à la capsule et permet de regarder tranquillement, à son rythme la vidéo. Donc de s’entraîner seul.e à répéter, à comprendre avant de retrouver la dynamique du groupe. Un « plus » pour protéger la face et pour stimuler l’estime de soi !

Premier exemple : travailler la compréhension orale et le lexique de la ville A1

Une capsule a été faite pour présenter son pays et sa ville à travers un exemple concret fait sur mesure. L’objectif était double : améliorer la compréhension orale et enrichir le lexique de la ville et des éléments propres à un pays et une ville (un fleuve, une frontière, une capitale, une mer, etc.). Les apprenant.es avaient une feuille avec un texte lacunaire à compléter. Nous avons fait l’activité en classe entière mais l’hétérogénéité des niveaux a empêché les moins avancés d’être actifs pendant la compréhension : ils l’ont plutôt subie…
Le fait d’ajouter le QRCode donnant accès à la vidéo sur la feuille permet de faire faire ce travail d’écoute en autonomie : chaque apprenant.e peut alors écouter et regarder à son rythme la vidéo avec un smartphone et des écouteurs soit en présentiel, soit à distance, à la maison. La capsule vient donc compléter et raviver un lexique qui aura déjà été vu en cours en amont. De plus, lorsqu’ils reviendront en cours après avoir fait cette activité à distance et à leur rythme, ils pourront être plus actifs dans le sens où ils poseront des questions sur ce qui n’a pas été compris dans la capsule. On pourra aussi échanger les productions écrites faites à distance et les faire lire, puis dessiner le plan de la ville ou du pays, ou encore faire corriger la production écrite par un.e autre apprenant.e.

Feuille de compréhension orale avec le QRCode intégré.

Deuxième exemple : corriger une activité ou un test à distance (temps du passé B1/B2)

J’ai proposé à mes apprenant.es B1+ un petit test de grammaire portant sur l’utilisation du passé composé et de l’imparfait. Pour éviter de perdre du temps en classe lors de la correction et pour changer un peu les habitudes, j’ai créé une capsule dans laquelle je justifie le choix de chaque temps à l’oral plutôt que de le faire en présentiel.
Lorsque j’ai rendu les tests corrigés, j’ai donc distribué une petite feuille avec le QRCode qu’ils ont scanné chez eux pour regarder la correction. Le lendemain, j’ai répondu aux questions qui restaient.

QRCode pour accéder à la capsule dans laquelle je corrige le test sur les temps du passé

Troisième exemple : travailler la prononciation des verbes en -ER (A1)

Capsule « 3 minutes pour bien prononcer les verbes en -ER au présent »

Après avoir reçu la feuille de route avec le QRCode, les apprenant.es peuvent s’entraîner à répéter la prononciation correcte puis, dans un 2eme exercice, à prononcer et à écouter la correction. Grâce au QRCode, l’accès à la capsule est instantané et permet de travailler à distance, sans même avoir à passer par un ordinateur.

Feuille de route pour la capsule « 3 minutes pour bien prononcer les verbes en -ER »

Comment transformer un lien en QRCode ?

Il suffit d’aller sur un site générateur de QRCode, comme Tec-it celui que j’utilise : collez le lien et cliquez sur « Télécharger ».

Exemple de site générateur de QRCode

Capsule pour entrer en lecture : accompagner la lecture d’une nouvelle « Cet homme et cette femme » d’A. Gavalda

La longueur d’un texte littéraire donné à lire en autonomie à la maison est souvent proportionnelle à la baisse de motivation pour poursuivre la lecture jusqu’au bout. Le texte a beau être captivant, plus il est long, plus nombreux sont les apprenants de L2 qui renoncent rapidement.

Dans quelle mesure les outils numériques peuvent-ils offrir une aide pour lutter contre ce stress de devoir comprendre le sens général d’un texte tout en buttant sur la compréhension du lexique ou d’une structure grammaticale ?

Je suis partie de l’hypothèse que donner un enregistrement audio ou une vidéo peut aider à consolider les stratégies d’apprentissage [Cyr, Les stratégies d’apprentissage, 1998, Clé International], et plus particulièrement les stratégies socio-affectives des apprenants, à encourager la motivation et à réduire l’anxiété face à un texte long et littéraire a fortiori. Aussi ai-je proposé à mes apprenants étrangers de littérature française des fichiers audios et des capsules dont l’objectif était d’accompagner l’entrée en lecture lorsqu’ils travaillent seuls, en dehors de l’espace de cours.

J’ai d’abord testé le simple enregistrement audio de ma lecture à voix haute pour accompagner la lecture d’une nouvelle : le retour a été positif car non seulement la voix enregistrée offre une interprétation qui les aide pour une compréhension globale du texte, mais il est aussi possible d’utiliser le fichier audio comme outil pour améliorer la prononciation en écoutant par morceaux et en répétant chaque phrase.

J’ai ensuite testé la capsule pour ajouter une dimension visuelle. Voici un exemple avec la nouvelle « Cet homme et cette femme » d’Anna Gavalda (Je voudrais que quelqu’un m’attende quelque part). Les apprenants avaient le texte au format papier et devaient regarder en même temps une courte vidéo dans laquelle sont proposées successivement

  • une lecture de la nouvelle avec une image fixe pour permettre aux apprenants de suivre le texte papier sans distracteur
  • et les premières consignes, à savoir le relevé de certains champs lexicaux (l’argent, le luxe et le mépris) afin d’orienter l’interprétation des apprenants vers une caractérisation des personnages.

Le retour que j’ai eu de mes apprenants a été positif : tous avaient lu la nouvelle et avaient suivi les consignes. Ils ont préféré unanimement être accompagnés par une capsule plutôt que par un simple fichier audio car la capsule présente l’avantage de montrer l’écriture et l’orthographe des mots prononcés et ils ont eu le sentiment que c’était plus facile d’aller jusqu’au bout car quelqu’un lisait avec eux.

Côté enseignant, l’expérience m’a aussi semblé enrichissante dans le sens où nous avons pu commencer le cours en entrant rapidement dans le portrait des deux protagonistes. Les impressions ont tout de suite fusé « je ne voudrais pas un mari comme ça » « Mais ils ne s’aiment pas » « C’est un couple superficiel », etc. İl aurait fallu faire l’expérience avec une autre classe sans donner la capsule pour être sûr que celle-ci a un peu aidé les apprenants. Comment savoir si ce n’est pas le seul effet de la nouvelle, petit bijou pour les apprenants de FLE car elle est écrite sans passé simple ? Je m’appuie sur les dires de ces apprenants-là, qui corroborent des impressions tout aussi positives dans d’autres cours de littérature où des capsules ont été utilisées pour exploiter au mieux le dispositif hybride de la classe inversée, un peu détournée, puisqu’il ne s’agit pas de transmettre du « savoir » à la maison, mais d’offrir une aide, un petit coup de pouce pour entrer en lecture.

 

Travailler en autonomie la production orale en langues étrangères avec Babelium

Qu’est-ce que Babelium ?

Babelium est un beau projet européen pour travailler la production orale des langues étrangères en autonomie, projet qui incarne, à son échelle, l’idéal du Conseil de l’Europe, de promouvoir l’apprentissage des langues pour stimuler la mobilité des citoyens et l’ouverture à l’autre. Né à l’université du Pays Basque, il propose aux apprenants de s’entraîner dans la langue de leur choix (français, anglais, allemand, espagnol, basque) à partir de courts-métrages. J’utilise cette plateforme depuis septembre 2015 et regrette qu’elle ne soit pas davantage utilisée par les professeurs de langues étrangères mais aussi par les professeurs de français au collège par exemple ou par les enseignants du primaire avec des élèves natifs. L’inscription sur la plateforme est gratuite et il faut être équipé d’ordinateurs, de casques et de micros. Vous trouverez toutes les informations sur le site http://www.babelium-project.eu/fr/. Pour accéder aux activités, il faut aller sur http://babeliumproject.com

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Comment se présentent les activités ?

Après inscription, on choisit la langue et le niveau de difficulté (de A1 à C1). Apparaît alors la série d’activités correspondant aux critères. Il faut ensuite écouter et regarder une première fois la vidéo puis suivre la consigne.

  • Soit est proposé un doublage d’un des personnages : l’apprenant lit les sous-titres et les prononce au moment du signal.

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  • Soit on demande aux apprenants d’inventer une réplique : un signal leur indique à quel moment il faut parler. Par exemple : le verbe apparaît à l’infinitif et il faut le conjuguer au passé composé et en faire une phrase

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  • Soit on double intégralement la vidéo en lisant tout le sous-titrage : la contrainte du rythme est alors très formatrice pour les apprenants. Voici un exemple avec une lecture du Horla.

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Les apprenants peuvent choisir d’enregistrer seulement leur voix ou bien de se filmer en train de parler. Ils peuvent recommencer autant de fois qu’ils le souhaitent, écouter leur enregistrement et éventuellement l' »envoyer » pour que l’enregistrement soit corrigé (sans certitude…)

Les avantages de Babelium

  • le plaisir du format : la dimension ludique ne laisse pas les apprenants indifférents car ils parlent dans un contexte donné très précis et souvent plein d’humour (celui d’un court-métrage ou d’une petite vidéo). Avec leur casque, ils sont un peu coupés du monde et osent parler dans le brouhaha général
  • travailler la prononciation, le rythme de la diction, l’intonation et écouter sa production en langue étrangère : chacun est confronté à son accent, son intonation, sa capacité à jouer le jeu et peut mesurer l’écart entre ce qu’il pense faire et ce qu’il fait
  • réinvestir les points de langue en contexte (par exemple trouver d’autres verbes que « dire », conjuguer les verbes au passé composé…)
  • être libre de son apprentissage tout en étant guidé par des consignes précises, des signaux, etc.

Les limites de Babelium ?

  • la durée de vie de ce projet est limitée : les créateurs n’ont pas encore décidé ce que deviendra ce projet dans un an et demi. Mais en attendant, pourquoi ne pas en profiter ?
  • le système d’évaluation : la coloration humaniste de ce projet ressort dans le système d’évaluation proposé… Lorsqu’un apprenant « envoie » sa production orale, elle est susceptible d’être corrigée par un enseignant volontaire et bénévole. C’est un peu là le hic. Toutefois, deux solutions peuvent contrer cette limite :
  1. Il est possible de créer un groupe privé en envoyant une demande aux gestionnaires de manière à ce que les productions orales des apprenants soient regroupées et accessibles seulement à l’enseignant du groupe. La plateforme propose alors des outils d’évaluation en ligne très performants et convaincants.
  2. Il est aussi tout à fait possible de ne pas évaluer les productions orales. C’est ce que j’ai fini par choisir pour mes différents groupes car les apprenants ont tellement de plaisir à faire ces activités qu’ils les font très sérieusement, pour eux-mêmes. Quelques remarques orales suffisent de la part de l’enseignant qui circule entre les apprenants et peut les reprendre, leur donner des conseils, etc.

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Un de mes groupes en train de travailler sur Babelium

Bref, je vous conseille vivement d’utiliser cette plateforme dans vos cours. Bien évidemment, il est préférable d’en faire un usage régulier pour familiariser les apprenants avec le site et stimuler leur autonomie.

Enseigner les réseaux lexicaux avec les cartes mentales (Simplemind par exemple)

Au moment où nous préparons des fiches « bilan » pour enseigner le lexique, voici quelques pistes intéressantes pour mieux organiser en sous-catégories la présentation du lexique :

Quel est l’intérêt des arborescences et autres cartes mentales ?

Je vous invite à écouter une émission (5 minutes) de France İnfo avec Alain Lieury sur la mémoire dans laquelle il rappelle l’importance de la mémoire sémantique qui organise les connaissances et a besoin de les hiérarchiser.

Voici, pour compléter, un extrait de Mémoire et réussite scolaire, Alain Lieury, Dunod, 1997, p.27 :

« Principe de hiérarchie catégorielle

Qu’est-ce donc que le sens, si ce n’est le mot ? En s’inspirant d’expériences antérieures qui montrent que la mémorisation est grandement facilitée par l’organisation en catégories naturelles (animaux, plantes, etc.), Collins et Quillian ont suggéré que comprendre, c’est d’abord catégoriser [C’est moi qui souligne]. Comprendre ce qu’est un « canari », pour prendre leur célèbre exemple, c’est savoir que c’est un oiseau. Mais comprendre ce qu’est un oiseau, c’est savoir que c’est un animal, de sorte que le sens des mots ou, plus brièvement, les concepts seraient classés en mémoire sémantique de façon hiérarchique : les catégories étant emboîtées dans des catégories plus générales sous la forme d’un arbre à l’envers. Dans une telle arborescence, chaque noeud représente le concept d’où partent des branches. L’analogie de l’arbre de la connaissance est très ancienne puisque, déjà explicitée à la Renaissance (Lieury, 1993), elle est présente dans les récits bibliques. Cette conception est maintenant usuelle en informatique, où l’on parle d’arborescence. »

Les applications proposant de créer des cartes mentales sont-elle un simple gadget de plus ?

Les applications qui proposent de créer des cartes mentales ont  l’avantage

– de jouer avec les codes de couleurs pour différencier les catégories

– de pouvoir inclure des photos : voici un autre extrait de l’ouvrage d’Alain Lieury

« […] les images (dessins, images mentales) sont plus efficaces en mémoire que les mots, comme l’ont montré Paivio, Fraisse et Denis. L’une de nos expériences a effectué cette comparaison sur près de deux cents lycéens de diverses terminales. […] Les images sont très efficaces en mémoire. Alors que le rappel moyen est d’environ 7 pour les mots, il est d’environ 9 pour les dessins. La reconnaissance est également remarquable avec en général 90% pour les dessins contre 70 % pour les mots. » Op. cit. p.37.

– de pouvoir interagir avec la classe en ajoutant des mots en direct à son projet.

Un outil possible est l’application « Simplemind », très facile à utiliser sur l’Ipad

Attention toutefois au moment d’exporter votre projet avec la version gratuite…

Publié le 30 mai 2014 par geraldinelarguier sur Français et numérique 

Il est aussi possible de transformer la carte mentale en capsule pour inverser la classe : les apprenants peuvent ainsi écouter la prononciation du lexique et remplir la carte mentale lacunaire chez eux, ce qui permet de passer au réİnvestissement en classe.

Voici un exemple à partir de la carte mentale sur le lexique de la langue :

Lexique de la langue from Geraldine L on Vimeo.

Vers la classe inversée : importance de la feuille de route

Voici un article que j’ai publié dans Français et Numérique et qui souligne le rôle de la feuille de route qui doit accompagner le visionnage de la capsule en autonomie.

Capsule pour aider les apprenants à travailler le lexique en autonomie

Voici une capsule qui a comme objectif de proposer quelques stratégies aux apprenants (FLE) pour apprendre en autonomie le lexique : des gestes simples comme

choisir une couleur réservée au lexique pour distinguer le lexique déjà connu des nouveaux mots,

surligner le nouveau lexique sur tous les supports d’apprentissage (compréhensions orales, écrites, documents déclencheurs, etc.)

classer et faire des sous-catégories en rassemblant les mots ayant des points communs

apprendre toutes les composantes du mot : son orthographe, sa prononciation, son genre, sa structure, ses différents sens, son étymologie, sa composition, etc.

– faire les exercices et surtout s’efforcer de réinvestir ce lexique dans les productions écrites ou orales, quitte à garder sous les yeux une feuille rassemblant ce lexique.

GL