Utiliser les outils numériques pour valoriser le travail des étudiants : retour d’expérience avec le site EMAZE

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Avec l’arrivée du Covid, les cours à distance ou en hybridation et l’usage de plus en plus présent des outils numériques dans nos classes, qui n’a pas cherché à améliorer sa façon de communiquer, de présenter l’information, d’encourager la participation des étudiants ?

De plus, pour booster l’implication des étudiants, au-delà de l’effet que peut avoir le fait que leur travail soit noté, il est important de mettre en valeur leurs productions. Cette année, je me suis donc lancé un défi : essayer différents outils et voir comment les intégrer de façon cohérente dans mes séquences de cours. Il ne s’agissait pas d’intégrer des gadgets technologiques mais d’évaluer ce que ces outils pouvaient apporter en plus et que nous n’aurions pas pu faire de façon, disons, « traditionnelle ».

Voici brièvement la situation : je voulais travailler la compréhension/expression orales et l’élaboration d’une frise chronologique à partir d’une vidéo (préalablement montée par mes soins) abordant la perte des colonies espagnoles en 1898. Le but était non seulement de repérer les dates, mais aussi de cerner les enjeux et les raisons qui ont conduit à cet échec. Les étudiants devaient alors construire une frise avec pour objectif que quelqu’un qui n’aurait pas vu la vidéo soit en mesure de comprendre ce qui s’était passé. Une grille d’évaluation leur était bien évidemment fournie en amont pour les guider.

Par ailleurs, je voulais que chacun puisse évaluer le travail des autres à la lumière de cette grille et qu’ils soient en mesure de faire un résumé oral des grandes étapes à partir de la frise des autres. Pour qu’ils accèdent tous aux diverses productions, j’avais à ma disposition plusieurs outils de partage: un PDF, un Padlet, un livre numérique… Mais l’implication et le soin de certains étudiants m’ont beaucoup touchée et j’ai décidé d’utiliser le programme Emaze (https://www.emaze.com/fr/), dont l’usage est simple et intuitif. Emaze n’a pas besoin d’être téléchargé, il faut juste créer un compte et même si un certain nombre de fonctionnalités requièrent un abonnement, nous pouvons travailler de façon gratuite sur diverses présentations en 3D et les partager. J’ai ainsi opté pour la création d’un musée et sa visite virtuelle, visuellement ludique, dynamique et attrayante. Les trois objectifs étaient donc atteints : leur travail était mis en valeur, les étudiants pouvaient voir les productions de leurs camarades, et chacun pouvait évaluer le travail des autres.

Si vous voulez voir le résultat, voici le lien : https://www.emaze.com/@AOQWWZCTL/desastre-1898

Mes étudiants ont été très étonnés et touchés de voir leurs travaux aussi joliment présentés et j’ai obtenu l’effet recherché : leur implication. Certains ont tenu à corriger leur frise pour exposer une version plus complète autant sur le visuel que sur le fond, d’autres ont découvert leurs camarades sous un autre angle et  ils sont allés les féliciter, ce qui a fini par créer des liens et la grande majorité a trouvé que les dessins et la présentation de certaines productions les aidaient à mieux mémoriser et expliquer l’époque.

Pour finir, un grand merci à Géraldine pour nos conversations pédagogiques, sa générosité et cette occasion de participer à son blog.

CLIC2021 Atelier « Comment dynamiser les interactions orales en classe de langues en repensant son scénario pédagogique (cours à distance/hybrides) ?

Atelier Vendredi 2 juillet 2021 de 15h à 15H50 Congrès des classes inversées et des pédagogies actives, en ligne


Les classes virtuelles, l’enseignement à distance ont souvent une image négative, de froideur, de distance et d’anonymat. A ce que l’on appelle désormais, la « Zoom fatigue » (1) , s’ajoute souvent le sentiment d’être désorienté par rapport à ses pratiques habituelles de cours en présentiel car les interactions se font rares alors qu’elles sont une condition essentielle pour apprendre une langue.

Pour éviter de faire cours face à un écran sans visages, on peut exiger que les caméras soient allumées. On peut s’appuyer sur de précieuses solutions conjoncturelles : proposer des quiz en ligne pour vérifier leur compréhension ou faire émerger des représentations, jouer avec les potentialités de la classe virtuelle en s’appuyant sur les objets présents chez nous. Néanmoins, est-ce vraiment suffisant pour parler d’interactions ? Comment éviter cette impression d’éloignement, voire de dépossession de ses cours ? Comment commencer à hybrider ses cours pour éviter l’écueil d’un cours unidirectionnel qui pourrait tout aussi bien être proposé sous forme de captation vidéo ? Elke Nissen, dans son ouvrage Formation hybride en langues, le confirme : « C’est avant tout la composante distancielle de la formation qui pose problème aux enseignants (et apprenants) dans la plupart des observations faites, car elle fait appel à des fonctions auxquelles les enseignants sont peu habitués, ainsi qu’à des compétences techniques et de gestion de l’interaction en ligne par exemple […]. » (2)

            Aux solutions conjoncturelles, il est donc nécessaire d’ajouter des solutions plus structurelles qui nous invitent à repenser le scénario pédagogique de nos cours en intégrant aux activités faites sous notre égide, des activités faites en autonomie, pour reprendre la définition de l’enseignement hybride donnée par Jean-François Cerisier, lors du CLIC2020. Dès lors, émerge un certain nombre de questions face à ces deux modes, le présentiel et le distanciel : quelles activités privilégier en autonomie ? Lesquelles conserver en présentiel ou en classe virtuelle ? Vaut-il mieux faire la compréhension orale en autonomie ? Et la production écrite aussi ? Quid de la grammaire ? Peut-on la faire travailler en autonomie ? Autre difficulté majeure : comment articuler les activités des deux modes de manière à redonner la parole aux étudiant.es pendant ce temps devenu précieux de la rencontre en présentiel ?

Au cours de cet atelier, je tenterai, à partir des différentes expériences de cours hybrides, à distance (de circonstance mais aussi institutionnalisés), en comodal, proposées par les participantes et les participantes, ainsi que des miennes dans le domaine du Français Langue Etrangère, d’esquisser des pistes pour scénariser un cours de langues facilitant les interactions. Ces pistes sont à adapter selon son contexte d’enseignement, son public et son envie plus ou moins forte d’engagement dans l’intégration des outils numériques, afin de «donner du sens à la présence» (3) selon l’expression chère à Marcel Lebrun.

Cet atelier s’adresse à des personnes enseignant à tous les niveaux, plutôt en langues. Pas de prérequis.

Au plaisir de vous retrouver au CLIC 2021 le vendredi 2 juillet de 15h à 15h50 !


(1) https://www.francetvinfo.fr/internet/pourquoi-la-visioconference-met-elle-notre-cerveau-k-o-et-comment-riposter_4283359.html
(2) Nissen, Elke Formation hybride en langues : articuler présentiel et distanciel, Didier, 2019. p.230
(3) Lebrun et Lecoq, Classes inversées, 2015, p.10

Activité : Reconnaître les langues #A0 à #C2

Voici une petite activité dont le but est de reconnaître différentes langues entendues (turc, espagnol, allemand, anglais, chinois, arabe, russe, français mais aussi plus rares, créole réunionnais, bassar, n’gambaye). Je l’ai créée sur le site LearningApps dont l’interface est certes austère, mais dont les applications sont précieuses grâce à l’insertion de fichiers audios aussi facile qu’utile en langues.

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Pour les grand.es débutant.es

C’est une activité fort dynamisante pour les grand.es débutant.es : on découvre des langues, parfois sa langue, on fait des hypothèses, on se trompe, on réussit. Ecouter ces langues m’a également permis d’introduire le français en le mettant sur un pied d’égalité avec les autres langues et, grâce au créole de la Réunion qui trouble les apprenant.es puisqu’il contient des mots français mais n’est pas du français, la diversité linguistique en France a pu être abordée dès le premier cours. Enfin, pour les grand.es débutant.es, l’activité permet d’apprendre la structure « je parle XXX » et complète parfaitement le cours fait en amont sur les nationalités.

Une activité brise-glace pour tous les niveaux

Il me semble que cette activité peut être utile à tous les niveaux en début de session et qu’elle sert aussi de brise-glace : il est en effet possible de demander aux apprenant.es qui comprennent les langues entendues de traduire ce qui a été dit, ce qui ne manque pas de valoriser leur répertoire linguistique.

Voici le lien : https://learningapps.org/view6347819

Comment l’utiliser ?

J’ai testé cette activité en classe, collectivement, avec des apprenant.es du niveau A0 : nous avons écouté les pistes et j’ai glissé chaque fichier audio sur la langue proposée. Si la solution est fausse, il suffit de cliquer entre les deux éléments joints pour les séparer à nouveau et tenter une autre association.

L’ambiance s’est réchauffée car chacun.e pouvait proposer son hypothèse et la classe a été dynamisée. Ensuite, mous avons à tour de rôle repris à notre compte « je parle XXX », ce qui m’a permis de savoir qui parlait anglais et surtout qui ne parlait qu’une seule langue.

On peut ensuite envoyer le fichier aux apprenant.es pour que l’activité soit refaite à la maison au rythme de chacun.e.